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Le cardon épineux argenté de Plainpalais AOC
De son nom scientifique latin « cynara cardunculus », plus communément appelé carde, cardon ou artichaut sauvage, cette vivace se cultive comme plante potagère dont on consomme les côtes après épluchage de ses épines.
Son terme “cardon” est emprunté à la langue occitane et signifie “chardon”.
Sauvage à l’origine, les Romains le consomment déjà sous le nom de Lactos.
Il est d’origine des pourtours de la Méditerranée et se propage, après les îles Canaries, au Maroc, en Algérie, en Libye, émigre en Grèce puis file en Asie mineure, où on le repère en Turquie et à Chypre.
Au Moyen Age, on le connaissait donc déjà, mais c’est surtout au XVIème siècle qu’il prend son essor avec la migration des huguenots certains cultivateurs du sud de la France l’emportant avec eux jusqu`aux portes de Genève avec la révocation de l’Edit de Nantes en 1685.
Lors de cet énorme flux migratoire dans notre contrée, les paysans l’exploitent dans le terrain sablonneux de la Jonction entre l’Arve et le Rhône.
C’est ainsi que prend naissance cette plante vagabonde qui, après de multiples croisements, devient le célèbre et plus savoureux des légumes, sous la dénomination de “cardon épineux argenté de Plainpalais AOC”.
Celui-ci obtient ses lettres de noblesse le 7 octobre 2003, adoubé AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) comme onze autres délices répertoriés à ce jour tels l’Abricotine, le Gruyère, l’Etivaz, la Tête de Moine et autres viandes séchées.
Une dizaine de maraîchers le cultivent dans nos terres genevoises à Lully, Bernex. Petite Grave et Saconnex-d’Arve principalement, avec une production de 130 tonnes par année.
Ce légume raffiné, au goût discret d’artichaut et de topinambour, fait la joie de nos papilles à Noël, puisqu’on le récolte à l’automne après six mois de développement. On le trouve aussi traditionnellement sur les tables de Savoie et de Lyon.
C’est un produit idéal pour la santé, ne contenant que dix calories par cent grammes, car riche en eau et fibres, mais aussi en magnésium et potassium, calcium et sels minéraux, convenant de plus aux diabétiques. Seuls la crème, le fromage gratiné ou la moelle, qu’on rajoute dans nos recettes, s’invitent aux abus de fin d’année.
Sa silhouette de 150 cm de hauteur, aux côtes larges et laiteuses, d’un vert chatoyant, aux dessous argentés peut aussi faire le bonheur des photographes amateurs, Sa fleur s’épanouit en juillet et présente au-dessus des cardes une sorte de tête d’artichaut, flanquée d’une coiffe violette, en forme d’aigrette, du plus bel effet.
Ayant besoin de beaucoup d’espace pour se développer et se propageant facilement, on trouve encore sa trace, de nos jours, en Californie, Australie ainsi que dans la pampa argentine.
Mais gare à ceux qui s’en approchent ! Par ses épines robustes, il ne se laisse pas facilement apprivoiser.
On a donc le cardon qu’on mérite, c’est-à-dire le meilleur, celui de Plainpalais !
Recette pour 4 pers. CARDON A LA MOELLE
Préparation : 20 min.
Cuisson : 50 min.
1 Kg de cardon
2 os à moelle
2 cs de farine
2 cs de beurre
Gruyère râpé
Pain
Persil
Citron
Sel, poivre
Préparer et cuire les cardons comme pour le gratin.
Couper 10 gr de moelle de boeuf en tranches, les faire cuire 5 min. dans de l’eau salée. Dresser les cardons en pyramide sur le plat, garnir le tour avec les tranches de moelle, posée chacune sur un petit croûton de pain frit.
Verser sur les cardons la sauce suivante :
Faire réduire un verre de bon jus ou fondre un peu de glace de viande, ajouter un morceau de beurre, le jus d’un 1/2 citron, sel, poivre, persil haché et faire bouillir le tout brièvement.
Enfourner le tout pendant 45 min. à 180 ° C.
Bon Appétit !
Voir bulletin d’information N° 19
L’Echo de Plainpalais
Article tiré du N° 27 de « L’Echo de Plainpalais du 29 septembre 1892
PLAINPALAIS
L’ANCIENNE MAIRIE LA NOUVELLE MAIRIE LA SALLE DE GYMNASTIQUE
Depuis trente ans. la population de Plainpalais a plus que doublé : la police, l’état-civil, la voirie, les écoles, ont pris une grande importance. En outre, l’application de la taxe municipale a exigé de nouveaux locaux, et il n’a pas été possible de procéder par vois d’agrandissement de l’ancienne maison commune.
L’ancienne Mairie, au chemin des terrassiers, construite en 1860, devenue par trop exiguë et ne répondant plus aux exigences des « services publics », sa reconstruction s’imposait donc ; elle fut décrétée en séance du Conseil Municipal du 17 novembre 1886.
Dans ces circonstances, l’administration communale n’a pas hésité à s’enquérir d’un terrain et à faire construire un hôtel spacieux au chemin du Pont -d’Arve. Les travaux ont commencé en mai 1888 et achevés en avril 1889 ; l’administration a pris possession de l’immeuble par l’installation de bureaux le 1er mai de la même année.
Les plans de la nouvelle Mairie ont fait l’objet d’un concours restreint, dans lequel ceux de M. l’architecte Poncy ont été choisis. Ces plans avaient été exposés pendant quelques jours à la Salle de gymnastique. L’adjudication des travaux eut lieu par corps de métiers, et MM. Montfort, pour la maçonnerie ; Ziegler pour la charpente, van Leisen pour la serrurerie ; Camps et Cie, Société coopérative des ouvriers plâtriers, pour la gypserie et la peinture ; Dupont Eug. pour la ferblanterie ; Masson Ph., pour la plomberie ; Miffon, pour les parquets et planchers ; Streit S., pour la couverture ; et Giovana pour la vitrerie et stores, restèrent adjudicataires.
Ce système, qui rompait avec les traditions administratives suivies en général jusqu’ici, a permis d’exécuter ces travaux très économiquement et sans embarras d’aucune sorte. Hâtons-nous d’ajouter que ce résultat est dû aux soins consciencieux apportés par M. l’architecte Poncy, dans la rédaction des cahiers de charges et dans la surveillance des travaux. La Mairie actuelle est une élégante construction qui aura d’ailleurs peu coûté aux finances communales. En effet, la vente aux enchères publiques de l’ancien bâtiment ; une partie du local du rez-de-chaussée, dans la nouvelle maison, cédée à l’administration des postes, et un appartement, donnent un revenu annuel assuré pour longtemps, outre le capital versé par l’acquéreur de l’ancienne Mairie.
La Bibliothèque publique, jusqu’ici à l’étroit dans le bâtiment d’école de la route de Carouge, ainsi qu’une Salle de conférence, ont été installées dans la nouvelle construction.
Au premier étage, sont situés les bureaux de l’administration, comprenant : le salon du maire, la salle des adjoints, le cabinet du secrétaire, la salle d’attente et des gardes¸ la salle des archives : enfin la salle des mariages, très belle actuellement, et qui recevra encore par la suite une décoration spéciale. Nous ferons prochainement une description de cette dernière salle, qui doit recevoir des peintures des principaux peintres de l’école genevoise actuelle.
La Salle de Gymnastique, plus ancienne de deux ans, est attenante à la Mairie. Ce local, de 200 mètres carrés, outre sa destination pour les exercices scolaires, abrite la Société de Gymnastique. C’est le lieu de vote pour les élections tant communales que cantonales ou fédérales, la salle des concerts et des récréations de la jeunesse de la commune.
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La Mairie
Article tiré du N° 28 de « L’Echo de Plainpalais du 6 octobre 1892
MAIRIE DE PLAINPALAIS
LA SALLE DES MARIAGES
L’autre jour, le hasard me conduisait dans l’atelier d’un peintre genevois des plus connus où je vis sur le chevalet une toile presque achevée. – Pour qui est cette merveille ? m’écriai-je – Pour la Mairie de Plainpalais, me répondit l’artiste.
Une mairie qui commande des peintures est chose bien inusitée chez nous ; ma curiosité étant éveillée, j’accablais l’artiste de questions auxquelles il semblait vouloir répondre avec la plus grande réserve. Je sais, me dit-il cependant, qu’il s’agit de décorer la Salle des Mariages et que d’autres toiles ont été commandées à quelques-uns de mes collègues, mais si vous tenez à être mieux informé, adressez- vous à M. le Maire de Plainpalais, il vous donnera peut-être toutes les explications que vous désirez.
Ce mystère dans une administration publique m’intriguait toujours plus et je pris le parti d’aller directement à la Mairie, où M. le Maire lui-même voulut bien me recevoir dans la salle des Mariages,
C’est une salle rectangulaire, éclairée par deux larges fenêtres au nord-est ; le plafond est à caissons peints et les murs sont lambrissés du haut en bas de vieux chêne : des cases ont été réservées pour recevoir des peintures. A droite trois panneaux de 2 m. de largeur sur 1m.75 de hauteur ; à gauche, un panneau de mêmes dimensions entre deux panneaux plus petits.
Vous voyez, me dit le M. le Maire, cette salle est fort jolie et sera une petite merveille lorsque les peintures seront à leur place. Ce sera comme une exposition permanente de peintures d’une école genevoise très originale, car l’exécution des panneaux a été confiée à des peintres dont la réputation n’est plus à faire : Léon Gaud, Simon Durand, Castres et Ravel.—J’ai rencontré chez ces artistes l’accueil le plus empressé et une bonne volonté au-dessus de tout éloge. Lorsque je leur ai soumis le programme et distribué le travail, bien des questions semblaient difficiles à résoudre, par exemple : la dimension des figures, la hauteur du point de vue, la tonalité, ce qui constitue enfin l’harmonie dans la décoration d’une pareille salle. Ces messieurs se sont mis promptement d’accord sur tous les points. Ils espèrent que l’exemple sera suivi par les administrations en général et que leur corporation sera plus souvent appelée à l’embellissement des édifices publics.
J’ai expliqué à messieurs les artistes que le Conseil municipal ne m’avait accordé aucun fonds pour ce travail et que je me trouvais dans la nécessité de recourir à la générosité de citoyens qui s’intéressent aux beaux-arts.—Le Conseil municipal a estimé que les dépenses exceptionnelles faites pour l’arrangement de la salle était suffisantes pour le moment et qu’il ne croyait pas pouvoir engager les finances communales pour une œuvre qui, certainement, lui souriait, mais qui est un peu nouvelle et en dehors du convenu. Messieurs les artistes m’ont alors déclaré qu’ils seraient les premiers souscripteurs en exécutant ces panneaux à des prix spéciaux. En effet, c’est à peine si ce que j’aurai à leur payer les défrayera de leurs études et du temps considérables qu’ils y ont consacré.
J’ai déjà quelques souscriptions et même des promesses, mais il me manque environ 8000 fr. et c’est une grosse somme…
« Gardez tous ces renseignements pour vous, me dit M. le Maire, car mon intention est de ne pas livrer ce projet à la publicité avant que j’aie en mains les fonds nécessaires ».
Je remerciai, et, muni du programme, j’allai faire le tour des ateliers d’où je revins très enthousiasmé de l’idée, bien décidé à ne tenir aucun compte des recommandations de M. le Maire.
Pourquoi ne pas donner de la publicité à ce projet qui n’est, au fond, que la reproduction de plusieurs actes de notre vie nationale contemporaine et qui intéresse au plus haut degré tout bon genevois ? Les vieux citoyens reverront avec plaisir une revue des milices sur la plaine, exécutée par M. Castres avec la plus grande exactitude : les vieux et les jeunes retrouveront dans les autres tableaux des scènes dans lesquels presque tous ont joué un rôle ; en un mot la population prendra surement un vif intérêt à l’œuvre.
Je ne peux vanter ni critiquer les panneaux que j’ai vus chez les peintres, puisqu’aucun d’eux n’est terminé. Je peux seulement dire que les artistes, voulant se surpasser, réservent au public une surprise des plus agréables.
Voici, selon le programme, comment le travail a été réparti :
=> John Edouard RAVEL. Jardins maraîchers de Plainpalais (vers 1870)
Ce panneau doit représenter une vue des jardins de la Jonction, avec le bois de la Bâtie et les falaises du Rhône comme fond. – Jardiniers et jardinières au travail. Puiserande entourée d’arbres.
=> Simon DURAND. Fête des promotions sur la Plaine (vers 1883)
Cette scène sera prise du chemin du Mail, entre 4 et 5 heures de l’après-midi, par un beau soleil, et devra donner l’impression d’ensemble d’une fête enfantine. L’artiste ne doit pas insister sur les détails des divertissements.
=> Edouard CASTRES. Grande revue sur la Plaine (vers 1840)
Les milices genevoises sont réunies le matin en vue d’une inspection.
Le tambour bat aux champs ; nos premiers magistrats défilent en silence au milieu des soldats. (Petit-Senn)
=> Léon GAUD. Un mariage civil.
Les époux sont debout devant l’Officier d’Etat civil qui prononce les formules légales.
Parents. Témoins. Amis.
Et de chaque côté du précédent :
Un groupe de baptême sortant du Temple et Noces d’Or. Scène de famille.
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Note de l’archiviste du Musée du Vieux Plainpalais :
A ce jour, la salle des mariages est restée intacte : boiseries, appliques, lustre et peintures sont d’époque.
Site web
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